En 1932, Hadj Larbi Ben Sari représenta la musique algérienne au premier congrès de musique arabe du Caire en Égypte où il fit entendre les œuvres de l'école de Tlemcen, inspirées, par la musique gharnati. Son fils cadet Redouane[1] qui avait intégré l’orchestre de son père avec une structure musicale regroupant les meilleurs musiciens de l'époque. Il avait un autre fils, prénommé Mahmoud, qui, lui aussi, profita du talent de son père et se distingua comme un honorable artiste.
En 1934, lors d’un séjours à Tlemcen, Sadek Bédjaoui devient son élève et sa carrière prend un nouveau tournant puisque fut pour lui l’occasion de s’acquérir d’un répertoire Hawzi plus affirmé, mais aussi d’adopter un coup d’archet spécial, inspiré par celui du maestro au violon alto.
Mohamed Ben Teffahi, se lie d'amitié avec lui, qui, à son contact, enrichirent substantiellement son répertoire.
Son disciple, Abdelkrim Dali, apprendra à jouer différents instruments de musique avant de devenir un virtuose du oud et s'intègre à l'orchestre que dirige Larbi Ben Sari où il interprète les chansons d'Oum Kalsoum et de Mohammed Abdelwahab...Il en ira ainsi jusqu'à ce que Redouane, le fils du cheikh Larbi le remplace auprès de son père.
Bachir Zerrouki, fils de Dillali Zerrouki, un pianiste renommé qui accompagnait Cheikha Tetma. sera intégré à l’orchestre de la radio de Tlemcen lors de sa création en 1949, dirigé par Cheikh Hadj Larbi Ben Sari.
Sa carrière se poursuivit avec le même succès jusqu'en 1954, où il cessa de chanter pour des raisons personnelles. Il vécut dès lors au Maroc où, disait-on, l'on entendait sa voix de temps à autre, dans l'appel à la prière qu'il lançait en qualité de muezzin.
Il marque toute une époque de sa personnalité puissante et généreuse.
Aujourd’hui, Hadj Larbi Ben Sari est considéré comme « l’unificateur du répertoire de l'école musicale de Tlemcen qui porte son empreinte. ». 15 associations musicales ont vu le jour à Tlemcen et sa région qui assurent la transmission de ce patrimoine andalou à la nouvelle génération.
L'une d'entre elle Ahbab Cheikh Larbi Bensari est originaire de Tlemcen depuis octobre 1987 est dirigée par Fewzi Kalfat. L'association a pour but la formation, la sauvegarde et le développement de cette musique.
Bibliographie
Musique arabe : le Congrès du Caire de 1932 (1992), Le Caire, CEDEJ, 1992, 310 p.
M.E. Hachelaf, Anthologie de la musique arabe, Edition Publisud, Alger 1982
Tlemcen: Première projection du film «Cheikh Larbi ben Sari
Notes et références de l'article
Il faut aussi rappeler que le nom de Redouane figure dans les Nouvelles littéraires d’Henri de Montherlant qui, faisant une halte à Tlemcen en 1928, décrit une scène publique où un enfant vêtu de costume traditionnel et d’une coiffe turque entonnait un air émouvant de beauté, au milieu d’un orchestre de vétérans, et devant un public fasciné… «Une soirée à Tlemcen, ville de vieille culture arabe où, dans un café maure, le fils du cheikh Larbi, quatorze ans, chantait des chants andalous…
Tout Tlemcen était là, les consommateurs coude à coude tant au dehors du café qu’à l’intérieur, le portefaix en haillons à côté des élégants Kouloughlis, et une foule massée dans l’avenue, qui n’avait pu trouver place. Redouane chanta d’abord le Goumri..., morceau célèbre dont l’assistance reprenait en chœur le leitmotiv. Puis il chanta les vieilles lamentations sur la perte du royaume de Grenade, les yeux clos sous sa chéchia bleu lavande qui lui touchait les sourcils, sa mandoline sur les genoux. Ce nom de Redouane signifie celui qui ouvre le paradis.
Redouane les ouvrait en effet. Le miracle était indéniable… En face de moi, un adolescent avait le visage décomposé par l’émotion, ses larges yeux noyés, hors du temps et de l’espace. Je guettais le moment inévitable où ses pleurs allaient se former. Enfin, ils apparurent, sous les palmes des cils, les sources étincelantes des larmes… J’ai appris plus tard que le garçon qui pleurait était cordonnier…»