sidi boumediene

 Le Quotidien d'OranSamedi 05 février 2011Par Omar Dib

Un ouvrage imposant dont les remparts, en ruines encore debout,défendaient l’entrée du pont :beït er-Rich, ce nom est une survivancedes coutumes et des traditions anciennes,certainement païennes. Les muraillesocres et épaisses, qui surplombentles rives abruptes du cours d’eau formentles restes de la fameuse bab el-Djiad, - laporte des cavaliers, l’un des accès donnantsur Tagrart, le nom Almoravide deTlemcen, la ville mille fois bénie ; encontrebas s’étendait la perspective du harasroyal que les promeneurs aimaientadmirer en famille. Nous voici arrivésdevant le cimetière cheikh Sanouci. Levisiteur qui déambule entre les travées destombes ressent comme un sentiment depaix et de sérénité l’envahir ; pour autantque l’on puisse dire le paysage impose ànotre âme un moment de respect et detranquillité. Il inspira assurément nombrede poètes et d’écrivains ; ainsi l’un d’euxécrivit : «- Le cimetière musulman dresseses hauts cyprès au pied desquels lestombes en grés rose parsèment le solherbeux où le printemps met sa paruredélicate d’iris violet. Rien n’est plus accueillantqu’un cimetière d’Islam !»Plus loin nous abordons l’ineffable AïnWazouta : ce fut le lieu ô combien magiquedes fêtes de notre enfance ! Eneffet, rien ne peut effacer de notre mémoireces cérémonies de l’Aïd ou dumouled Ennabaoui ; aux défilés destroupes de musiciens, avec leurs tambourinset leurs karkabous se joignaient lesprocessions des zaouia : les aïssaoua etles derqaua, suivis des hamdaoua, desalawiya et des qadriya, les adeptes desidi blel ou des Tidjania et d’autres encoremoins connus, chacune portanthaut dans cc ciel bleu– à nul autre pareil-l’étendard distinctif de sa confrérie.Comment oublier les merveilleuseskermesses qu’animaient les jeux desbateleurs, et des magiciens, les chants,les danses et les comptines, et surtoutces promenades en fiacre où des gamins,portant leur costume des grandsjours prenaient des airs de princes auxgestes élégants !En quittant le cimetière nous trouvonssur notre chemin la qoubba élevée enl’honneur de sidi Abdelkader el-Djilani,ensuite nous voici devant les ruines délabréesdu mausolée de saint Abou Ishaqet-Tayyar avec, en face, le minaretsolitaire de la mosquée qui portait sonnom ! Puis après avoir gravi la routepentue qui conduit à l’ermitage d’el-Aubbad(les Dévots) nous arrivons devantsidi Boumedien la célèbre mosquée édifiéesous l’occupation mérinide en 1339Visitons tout d’abord le sanctuaire oùrepose le grand homme ; des escaliersaux faïences multicolores nous conduisentdans une courette pavée de zellidjsanciens. A main gauche on remarquele puits fort connu aux multipleslégendes avec sa remarquable margelleen onyx toute rongée par le temps ;l’eau qu’on y puise possède une saveursingulière aux mille et une vertus: ne dit-on pas qu’elle efface lesrides des fronts les plus tristes et rendla paix aux âmes en peine !A main droite s’ouvre sous une portebasse la chambre sépulcrale…sous laqoubba des dizaines d’étendards offertspar des confréries africaines ou étrangèresse dressent le long des murs. Au milieude la petite salle couverte de richestapis on aperçoit deux cénotaphes recouvertsde soie précieuse : celui de droiteabrite le tombeau de sidi BoumedienChoaïb, celui de gauche, le tombeau duvertueux sidi Abdeslam Tounisi décédé66 ans avant son compagnon d’éternité(consulter le texte que nous avons consacréà cet immense savant ami d’Allah)QUI EST SIDI BOUMEDIEN ?Abou Medien Choaïb ben Hussaïnel–Andaloussi est né en 1126 àCantillana prés de Tocina un petitvillage sur la rive du Gadalqivir pas loinde Seville. Cadet d’une famille nombreuse,aux origines sociales fort modestes,orphelin par sa mère, il était dans l’obligationde faire le berger. C’était un garçond’une intelligence rare. D’un carac-Sidi Choaïb Abû Medien«Heureux, Choaïb, ceux qui te verrontet ceux qui verront ceux qui t’auront vu».Lorsque nous quittons le vieil Agadir, la cité antique, pour finir par nous diriger versles hauteurs de Tlemcen, nous passons tout d’abord par Bab Sidi Boumediène, puisnous rejoignons une allée jadis ombragée qui enjambait le pont de pierre (XIIIèmesiècle) sous lequel coulait l’oued Metchkana.tère doux et serein il avait hérité des traitsréguliers de son père, un homme vertueuxsimple et tranquille, tout dévouéà sa famille et aux siens.Quand le père mourut, le jeune BoumedienChoaïb fut recueilli et élevé par sesfrères; ceux-ci le chargèrent de la gardede leurs troupeaux; «-Il menait paître sesbestiaux nous dit l’un de ses nombreuxbiographes, et lorsqu’il voyait un hommeprier ou lire, il s’en approchait et éprouvaitune vive angoisse parce qu’il n’enpouvait faire autant. De retour à la maison,il manifestait à ses frères le désir d’apprendreà lire et à prier, mais ses dernierslui faisaient défense de s’instruire !»Cette interdiction ajouta certes à sonchagrin mais elle le conforta tout demême dans sa volonté de suivre unecarrière religieuse…Un jour, il prit unedécision qui allait lui ouvrir les portesd’un destin prodigieux : il abandonnason troupeau et s’en alla résolument àla recherche d’un maître qui le mettraitsur la voie du savoir. Toutefois l’un deses frères s’étant lancé à sa poursuite, leretrouva et le ramena de force à la maisontout en le menaçant d’un javelotqu’il tenait à la main…Cependant,Choaïb dont la détermination étaitinébranlable ne tint nullement comptedes remontrances et des menacesdes ses aînés pour finir, à la faveur dela nuit de s’enfuir à nouveau !«-Un autre de ses frères s’étant mis àsa recherche puis l’ayant trouvé, il dégainason sabre et, de fureur mal contenue,il l’en frappa mais le coup portasur un frêle bâtonnet que le jeunepâtre leva comme pour s’en protégerle visage et la lame de l’arme, volanten éclat se brisa en mille morceaux !Emerveillé autant qu’effrayé de cequ’il venait de voir, l’homme dit augarçon :«- Va-t’en maintenant où tuvoudras !» (*)(*) – A partir de cet instant tout cenous écrivons sur la biographie desidi Choaïb Boumedien nous estrapporté par le grand saintlui-même ou par les confidencesde ses innombrables disciplesd’Orient ou d’Occident !«- Je me mis en route, dit le cheikhAbou Medien et je finis par arriver aurivage de la mer. Je trouvai là une tentehabitée par des gens qui se dirigèrentvers moi. Parmi eux se trouvait unvieillard qui m’interrogea sur mon histoire.Je la lui racontai et je m’installaiauprès de lui. Quand j’avais faim il lançaità la mer une ligne à l’extrémité delaquelle il y avait un hameçon, et prenaitainsi du poisson qu’il me faisaitmanger après l’avoir fait rôti. A quelquestemps de là le vieillard me dit : «Va-t’enà la capitale pour y apprendre la science,car on ne peut adorer Dieu si on n’estpoint instruit». Je me dirigeai alors versle détroit et je débarquai à Tanger ; delà, je me rendis à Marrakech où je m’installaidans le quartier habité par les Espagnols.Comme ceux-ci voulurentm’inscrire sur les rôles de l’armée, je disà l’un d’eux que j’étais venu uniquementdans l’intention de m’instruire - Pourcela, me répondit-il, il te faut aller à Fez.Je me transportai donc dans cette ville,dont je ne quittai point la mosquée, et jeme mis en quête de quelqu’un qui voulûtbien m’enseigner les prescriptionsconcernant les ablutions et la prière.Puis je pris des informations pour connaîtreles lieux où les savants donnaientleurs leçons et je me rendis successivementdans plusieurs écoles.Mais rien de ce j’y entendais dire nese fixait dans ma mémoire. Plus tard,étant allé écouter un autre maître, jem’aperçus que je retenais tout ce qu’ildisait ; et comme je demandai à quelqu’unqui était ce maître, «c’est Abouel-Hassen ben Herzehem» (*)(*) – ben Herzehem (mort en 1173)fut le premier maître qui lui donna unenseignement vivant parce qu’inspirépar Dieu qui «touchait l’esprit et lecoeur, et non seulement les oreilles,par lui Choaïb prit contact avec lesécrits des soufis, spécialementMouhâsibî et sans doute aussi l’imamGhâzali que le cheikh admiraitvivement. D’après «Tassawwuf» deTadyli lorsque Ibn Barrajâne arriva àMarrakeche sous le règne almoravidil fut emprisonné sur ordre dusultan puis exécuté. ben Herzehemavait été parmi les partisans quiappelèrent la population de la ville àse rendre en masse aux funéraillesdu maître soufi. Ceci valut aucheikh Abou el-Hassen d’êtreemprisonné pour quelques temps !«- A partir de ce jour, continuait Choaïb,je ne quittai plus ce maître et je suivis sesleçons. J’allais souvent au sommet dumont Zelligh pour y faire mes dévotions,et à l’heure de mon dîner une gazellevenait me trouver, se couchait prés demoi et je lui tétais son lait, après quoielle s’en allait.Tous les jours j’allais suivrema leçon auprès de cheikh ben Herzehemet je retournais ensuite vers maretraite. Un jour que je me dépouillaisde mes vêtements devant le cheikh, jerougis de honte car ils tombaient en lambeaux.Le cheikh s’en aperçut et ayantfait «une collecte auprès de ses élèves,il réunit une petite somme d’argent pourque j’achetasse un vêtement ; puis, àmon insu, il noua cet argent à l’une desextrémités de mon habit.»A son retour dans la grotte qui lui servait de domicile Choaïb remarquaque des chiens affectueux à l’ordinaireaboyaient après lui et que la gazelle lefuyait. Il se demanda pourquoi, trouval’argent et se dit : «Cette saleté est surmoi à mon insu» Il jeta l’argent. La gazellerevint et les chiens lui firent fête etle lendemain matin le cheikh à qui il racontason aventure lui dit : «Réjouis-toi,ton destin est fixé» (n’oublions jamais cetépisode de la vie de Choaïb Abû Madayan: il n’a jamais accepté de recevoirde l’argent ou quoi que ce soit dequiconque !)«Le cheikh ben Herzehem Abou Hassenprécisa Choaïb me prédit mon aveniret m’instruisit. J’étudiai sous sa directionle Ri’aï d’el-Mouhaciby, et le sonand’et-Termidhy, auprès d’Abou Hassanben Ghalib.«C est alors que j’entendis un jour parlerd’un anachorète qui accomplissait deschoses extraordinaires dans la montagneoù il vivait. Aux dires des gens quil’avaient connu, c’était un homme étrange,sans doute illettré, affirmaient certains,qui ne parlait que le berbère (iln’avait appris du Coran que la fatiha etles trois dernières sourates qui sont parmiles plus courtes) ; pour s’entreteniravec ses interlocuteurs arabophones, cegrand saint berbère avait besoin d’uninterprète mais «dont les sentences équilibréeset les répliques fulgurantes, disaiton,déconcertaient les plus doctes. Il s’appelaitabou Ya’zâ !» (*)(*) - Abou Ya’zâ qui eut pour maîtreAbou Bakr ibn el- Arabî est mort en1176 à un âge semble-t-il trèsavancé. Il s’appelait égalementYalanôur ben Mimoun ben Abdellahel-Azmiri, était né au milieu du XIème siècle en pays Masmouda. Aprèsavoir vécu longtemps dans la solitudeet dans l’errance, il s’était fixé audjebel Yarouijane au sud de Meknèsà l’entrée du pays Zaïan, là où setrouve aujourd’hui son sanctuaire.C’était un homme fortement bronzé,grand et maigre vêtu d’unetunique en poils de chèvre ou enfeuilles de palmier nain, et d’unburnous noir rapiécé qui luidescendait un peu plus bas que lesgenoux, coiffé d’une calotte de joncs.Il était d’apparence timide…«Le jeune Choaïb partit avec un grouped’étudiants pour rendre visite au saint.Celui-ci l’accueillit de façon étrange. Il lelaissa trois jours de suite à sa porte sanslui donner à manger, alors qu’il recevaitaimablement tous les autres. De surcroîtil le repoussait ostensiblement. Désespérél’adolescent se jeta par terre et roulason visage à l’endroit où AbouY’azâs’était assis. Quand il releva la tête, il étaitaveugle. Il passa toute la nuit à pleurer.Au matin le cheikh l’appela : «Arriveici Espagnol» Choaïb Abou Madians’approcha à tâtons. Abou Y’azâ luipassa les mains sur les yeux, qui furentguéris puis sur la poitrine, et tousles soucis s’en allèrent de son coeur. Ilne souffrait même plus de la faim. Puisen se tournant vers ceux qui étaientprésents, il leur dit : «Un brillant avenirest réservé à ce jeune homme.»«Quelques temps après il m’autorisa àpartir afin d’accomplir le pèlerinage. Jem’en allais et tout ce qu’il m’avait préditm’arriva. Abou Y’azâ m’annonça égalementqu’on me ferait présent d’uneesclave abyssine et que j’en aurais unfils qui s’appellerait Abou Mohammedabd-el-Haqq. Or la chose arriva exactementcomme il me l’avait dit !»Il n’oublia jamais son maître. C’est dece rude montagnard berbère qu’il déclaraitavoir reçu l’initiation à la voie soufieremontant, à Jounayd de Bagdad à Sarîal- Saqathî, à Habîb al-‘Ajamî et à Hassanal-Baçrî. On cite aussi parmi sesmaîtres Alî ben Ghâlib (mort en 1166)qui fut surtout un érudit, Abou el-Hassanal- Chawwi et surtout Abou AbdellahDeqqaq de Sijilmassa mort à Fez,lequel l’avait revêtu de la hirqa et lui avaitdonné la ijâza (ou la licence d’enseigner)«A vrai dire ce fut en Occident musulmanoù florissaient les savants illustresde l’école Malékite que Choaïb Boumedieny acquit une solide culture juridiquemais y rencontra de surcroît des soufisréputés qui lui révélèrent la splendeurdu mysticisme.» Il s’abreuva à leur doctrineet goûta aux joies de l’extase : delà date à l’évidence sa réputation de jurisconsultedes saints et de soutien desdévots. Et s’il décida de se rendre enpèlerinage c’était d’abord afin d’accomplirun devoir sacré et ensuite de suivrela tradition des grands mystiques el-Ghazaliet sidi Abdelkader el-Djilani (qu’ilrencontra à Arafat : voire ci-joint le textesur la vie de Lalla Setti)Après avoir quitté Fez il prit la route del’Orient ; la seconde ville où il allait vivrequelques temps fut Tlemcen qui allaitlui ouvrir ses portes et l’accueillir avecnoblesse. Il aima d’emblée «l’ermitage»d’el-Aubbad au milieu des oliviers sauvagessur les hauteurs d’el Baâl – un nomà consonance nettement carthaginoise.Le Cheikh s’adonna à la prière et auxexercices de dévotion tant il fut touchépar la grâce des lieux .Ainsi ce fut dansces espaces propices à la méditation qu’il«proclamait à l’instar de ses maîtres, lesdroits du sentiment, l’efficacité del’amour divin et de la pureté du coeurpour atteindre la Vérité !»Tlemcen avait déjà été la patrie degrands savants et de célèbres amis deDieu, bien avant l’arrivée de sidiBoumedien Choaïb ; faisons un sautdans l’histoire : le plus ancien saint dontle dharih est situé à Agadir fut incontestablementsidi Wahab (*)(*) – «Pour tout dire, sidi Wahab benel-Monabbih est le respectable etsaint homme bien connu de tous ; ilcompte au nombre des tabî’în (c’està-dire les premiers successeurs –ceux qui n’ayant pas connusdirectement le Prophète, ont toutefoisvécus aux côtés d’un ou de plusieursde ses compagnons), de la sorte il estl’un des musulmans les plus autorisésen fait de traditions «es-sounna»reçues par ces souhâba de labouche de l’Envoyé. Ainsi il futconsidéré par les spécialistescomme un personnage puissant etréputé pour sa piété et sa foi.Abou Djaâfar et-Tabary cite plusieurstravaux dont il fut l’auteur touchantnotamment à l’origine et la fin dumonde ; on lui attribue égalementun ouvrage intitulé «el-moubtada’wal-moubtadi» et un autre dont letitre est «kitab el- israîliya» (Histoiredes Israélites)Le nom entier de sidi Wahb est AbouAbd Allah Wahb ben el-Monabbihben Kemal es-Seghany ; il étaitpersan d’origine natif d’unebourgade de la ville de Merw,appelée Seghan et disparue depuis. Ilest généralement qualifié de «sahibel-qoçoç wa el-Akhbar». Il fut disciplede Djabir ben Abdellah et mourut enl’an 114 H. (le O3 Mars 732)Ajoutons que sidi Wahb est né juifpuis s’est converti à l’Islam. Dans lesnombreux ouvrages que nous avonsénumérés, il se montrait fortrenseigné sur les traditions hébraïques.Il mourut au Yemen où il futenterré. Son Dharih à Agadir est trèsfréquenté et s’élève à côté de la porteBab sidi Wahab à laquelle on adonné le nom de ce saint homme.»- Ensuite il y eut sidi Daoudi dont le nomentier est Abou Djaâfar Ahmed ben Nasred-Daoudy el-Acédy. Il habita en premierlieu à Tripoli (Libye) et c’est dans cetteville qu’il écrivit son célèbre commentairesur la «Modawama». Puis il vint à Tlemcenoù il se fixa. Dans ces campagnes merveilleusesde sérénité et qui inspirent àl’écriture, il produisit plusieurs compositions,entre autres un commentaire sur «el-Moatta», intitulé «en-Namï el ‘Alî» ensuiteun ouvrage de jurisprudence (elfiqh)portant le titre «d’el Oua’î el hafidh»(le Conservateur); suivi d’un commentaire( charh el-Boukhari) intitulé «Ennaçihâ»Il écrira ensuite un autre livre «el-Idaha»(éclaircissement), où il réfute les théoriesdes partisans du fatalisme.Confiant d’être toujours guidé parDieu, il s’était instruit lui-même etn’avait eu aucun professeur. Entouréd’un profond respect et de l’affection detoute la population, il mourut à Tlemcenle 04 août 1011. Il fut longtempsconsidéré comme le protecteur de lacité, jusqu’à ce qu’il soit détrôné parsidi Boumedien. Son sanctuaire, toujourstrès visité, est situé à Agadir présdu fameux tombeau de la Princessed’origine Almoravide, un petit monumentdu style des plus gracieux, encadréde paysages ravissants !-Nous avons déjà donné la biographiede Sidi Abdeslam Tounsi (né en 1060 àSfax - mort en 1131 à Tlemcen dans lapetite mosquée appelée Mesdjid Er-Rahma.Aux côtés duquel sidi Boumediensera inhumé en 1197 certainement à sademande) Dans le même texte nousavons rappelé la vie du Cadi Amir AbouAmr Othman Ibn Sahib es-Salat mort surordre de son élève Abdelmoumen Benalien 1145, enterré à Bab ei-Akba !(Auteur d’un charh’ célèbre du kitâb echchifabi ta’rîf hûqûq el-mostapha du cadiAyad el Imam el hâfidh).Sans oublier le prince soufi sidi Yahyaben Yugan mort en 1142 grand onclematernel d’Ibn Arabi.Citons également Abou el-Hassan Aliben Abi el-Kacim ben Abderrahim benAbi Kanoun ( Sidi Kanoun ) mort en1161, enterré prés de Aïn Es-Soltane,auteur de nombreux ouvrages de médecineet de fiq dont le plus remarquableest le «El Achfa fi Ikhtiçâr el-mostasfa». Il possédait également de très vastesconnaissances en droit musulman qu’ilétablissait par les ouçoûls (*) à l’exemplede ses éminents maîtres parmi lesquelsAbou Ali Eççadafi ainsi du resteque de nombreux disciples devenus àleur tour de brillants savants.(*) – La science des ouçoûls (sources)du droit et de la religion s’était éteinteau Maghreb où les malékites sebornaient (en droit) à appliquer lesmanuels et les traités établis ; ce futles Almohades qui ouvrirent denouveau la période d’Ijtihâd.Bon et vertueux ce savant jouissait(de son vivant) d’une réputationconsidérable. Il fut nommé Qâdi dela djemaâ en remplacement d’Abûyoûsef ben el-H’adjjâdj. Il s acquittade ses fonctions avec justice etdignité. Son sanctuaire est l’un desplus visité par les pèlerins duMaghreb.Sans oublier évidemment SidiAbdellah Benali mort en 1077,enterré à el-Aubbad El Fouqui dansla kheloua duquel s’installa sidiBoumedien avant de choisir MesdjedEr- Rahma où il enseigna lespremiers temps !A suivrePar Omar Dib
Tous les biographes de sidi Boumedien assurent que durant sonpèlerinage et sa rencontre avecle grand saint sidi Abdelkader el-Djilaniil reçut de son nouveau maître la khirqaainsi que des secrets inestimables. Ill’accompagna à Bagdad où il demeuradans sa célèbre medersa. De là il se renditpar la suite au Moyen-Orient pourun pertinent voyage d’études.( Il ne saitplus qui de ses maîtres lui avait recommandéde ne jamais cesser d’apprendre,car une vie n’y suffirait pas !)Sidi Boumedien était resté assez longtempsau Hedjaz ; il avait séjournédans les deux Harameïnes durantquelques années d’après certains chroniqueurssa réputation finit de s’étendrejusqu’aux limites du monde musulman! (*)(*) – L’un de ses fidèles compagnonslui avait raconté un songedans lequel le saint de Bagdad sidiAbdelkader el-Djilani lui recommandait:«-Dis à Choaïb d’aller deville en ville afin d’enseigner lavérité dont il était dépositaire ! »A son retour du pèlerinage il rejoignitd’abord Séville où il professa avant dese rendre à Cordoue. Puis Il finit des’établir à Bougie «qu’il préférait àbeaucoup d’autres villes, disait-il, parcequ’elle aide à la recherche de cequi est licite et permis». Et où se regroupait,à cette époque, une brillanteélite intellectuelle en même tempsqu’une nombreuse population andalouse; le cheikh espérait y trouver lasolitude favorable pour permettre àl’âme de se libérer de toutes les servitudesafin de se consacrer uniquementà l’amour de Dieu. Toutefois les savantsrecherchaient sa compagniepour ses enseignements, ses méthodeset ses immenses connaissances ; onassure même que des copistes l’assaillaientpour pérenniser ses sentenceset ses merveilleux poèmes. Ce futsans doute à Bedjaïa que sidi Boumediense lia d’amitié avec l’ancêtre desBenmerzouk, Ahmed qui se mit auservice du grand maître. (*)(*) – Du reste tous les descendantsde cet aïeul seront gardiens,durant plusieurs générations,du tombeau de cheikh sidiBoumedien à el-Aubbad (lesDévots) et qu’ils se transmettrontde père en fils cette dignité.Nous savons également qu’Ahmedeut pour fils Abou AbdallahMohammed ibn Ahmed, né le 27juillet 1165, un savant légisted’une immense réputation. Il futadmis au nombre des familiers dupalais par le Sultan Abou YacoubYoucef el-Mansour.La renommée de Choaîb étaitd’autant plus grande qu’elle finissaitde devenir brillante grâce aux vertusqu’Allah lui accordait. Partout où ilpassa le nombre de ses disciples grandissait.Dans les pages qui suivent nousreproduisons des témoignages éloquentssur les affinités spirituelles desidi Boumedien lors des rencontresqu’il fit avec des personnages «qui réunirenten eux des enseignements initiatiques» dérivés des grandes écolesou plus souvent encore de remarquablesesprits du Tasawwuf.»En premier lieu, dans le Tome Ide ses voyages, Ibn Batoutanous raconte un évènement assezsingulier vécu par le Cheikh Boumedienà Damas :«- On raconte que le vertueux cheikhAhmed Errifâ’y, demeurait à OmObeïdah dans le voisinage de Ouâcithet qu’entre lui et le saint AboumedienChoaïb, il y avait ue grande amitié etune correspondance continuelle. OnAssure que chacun d’eux saluait sonami matin et soir et que l’autre lui rendaitles saltations. Le cheikh Ahmedavait prés de sa zaouia des palmiers,et une certaine année en les coupant22 CULTURE Le Quotidien d'OranDimanche 06 février 2011Sidi Choaïb Abû Medien«Heureux, Choaïb, ceux qui te verrontet ceux qui verront ceux qui t’auront vu».selon son habitude il laissa un régimede dattes en disant : «ceci sera pourmon frère Choaîb». Ce dernier faisaitcette année-là le pèlerinage et les deuxamis se retrouvèrent dans la noble stationde Arafat. Le domestique decheikh Ahmed appelé Raslân étaitavec son maître pendant que les deuxamis avaient lié conversation et quele cheikh racontait l’histoire de la grappede dattes, Raslân lui dit : «si tu l’ordonnes,ô mon maître je l’apporteraitout de suite à ton camarade. Avec lapermission du cheikh, il partit immédiatementet apporta bientôt le régimede dattes, qu’il déposa aux piedsdes deux amis.Les gens de la Zaouia ont raconté quele soir de la journée d’Arafat ils virentun faucon gris qui s’était abattu sur lepalmier, avait coupé la grappe etl’avait transporté dans les ars.A l’Occident de Damas est un cimetièreconnu sous la dénomination deTombeaux des martyrs, on y voit plusieurstombes entre autres celle du serviteurde Dieu le pieux Raslân, surnomméle Faucon cendré !»Ensuite nous passons au deuxième témoignage:Sidi Abd el-Khalaq Tûnsi, discipled’Aboumedien Choaïb déclareavoir entendu son maître parlerd’un homme appelé Mûssa et-Tayyar «qui volait dans le ciel etmarchait sur l’eau !» :«- Un homme, disait le cheikh, venaitau début de l’aube afin de m’interrogersur des thèmes sur lesquels les genssollicitaient des explications.Un jour je fus certain que mon visiteurne pouvait être que ce Mûsaet-Tayyar. Cette nuit fut pour moi longueà l’attendre tant mon impatienceétait grande. A l’aube on frappaà ma porte ; la personne qui venaitchaque fois m’interroger se présentadevant moi«-Es-tu Mûsa et-Tayyar, lui demandais-je ?«- Oui me répondit-il !»Ensuite, il me posa sa question, reçutmon explication, puis finit de partir.Le Lendemain, il était revenu maiscette fois-ci accompagné d’un autrepersonnage.«- Mon ami et moi me confia-t-ilavons fait la prière du sobh à Bagdad.Aussitôt après nous avons rejoint laMecque juste au moment où lescroyants s’apprêtaient à accomplir laprière du sobh à laquelle, bien évidemmentnous avons pris part. Nous sommesrestés dans l’enceinte d’el-Haramech-Charif jusqu’à la prière du Dohr.Notre devoir à peine achevé alorsmême que nous répétions le salut rituel,nous avons pris la direction d’el-Qûds nous nous y trouvâmes à l’instantoù les gens se préparaient à la prièredu Dohr. Alors, mon compagnon medemanda si on pouvait les accompagner? Je lui répondis que non !C’est pour cette raison que nousnous présentons devant vous vénérablemaître afin de savoir pourquoi nousavons refait notre prière du sobh à laMecque et pourquoi nous ne sommespas autorisés à refaire celle du Dohr àel-Qûds ?«- Sachez, leur assura sidi Abû MedienChoaïb, qu’à la Mecque se situela Source de la Certitude (Aïn el-Yaqîn)alors qu’à Bagdad on trouve la Sciencede la Certitude (Ilm el- Yaqîn). Etbien évidemment la Source de la Certitudeprime sur la Science de la Certitude,ce qui interdit de faire ailleurs lesprières accomplies à la Mecque !»Les deux compagnons satisfaits de cerenseignement finirent de quitter lecheikh»On attribue au cheikh Abou Abbesel-Morsy (mort le 27 Février 1286, suppléantd’abou el-Hassan Chadily) lerécit suivant :«- Sidi Abû Medien, qui était d’unebonne taille, blond tirant sur le roux,avec des yeux bleus et doux, auquelon demanda : quelles sont les sciencesque tu possèdes et quel est tonrang ? – Les sciences que j’ai acquises,répondit-il sont au nombre de71 ! Quant à mon rang, je suis le 4ème des Lieutenants et le premierdes sept Remplaçants !»«- Dans l’une de ses conférences,sidi Boumedien fut interrogé surl’Amour de Dieu : le premier degréde l’amour répondit-il, consiste à invoquerconstamment le nom deDieu ; le second à se rendre familieravec Celui que l’on invoque, etle troisième, qui est le plus sublime,à détacher l’attention de toutes choseset n’avoir en vue que Dieu seul.»«Précisons à l’occasion que la fonctionque revendique Ibn Arabi (nousy viendrons ultérieurement) dans lasphère de la walâya (dans la progressionméthodique dans la Voie) qu’àson point de vue, le seul maître dontil dépende ne soit et ne puisse êtreque le Prophète !A cet effet cheikh al-Akbar emploiele verbe âyama pour décrire sarencontre en mode physique avecl’imâm de la droite – celui-ci a entreautres charges celles d’éduquer lesafrâdes – et la distinguer de sa rencontreen mode subtil avec l’imâm dela gauche.Concernant l’identité du personnagequi assumait lors de sa rencontreavec Mahieddine la fonction d’imâmde la gauche certains indices suggèrentqu’il s’agit d’Abû Madyan. En effetIbn Arabi affirme à maintes reprisesque le saint de Bougie fut l’imâmde la gauche et qu’il succéda une heureavant sa mort au pôle précédent.Cette information lui a dit-il été communiquéepar Abû Yâzid el- Bîstânîlors d’une vision ; de plus, il ressortclairement du récit qu’Ibn Arabi n’ajamais rencontré cet imâm de la gaucheautrement qu’en esprit. Or dansune notice de Rûh el Qûds Ibn Arabirapporte qu’Abû Madyan lui envoyaun jour le message suivant : «En cequi concerne notre rencontre en modesubtil, c’est entendu elle aura lieu ;quant à notre rencontre corporelle ence monde, Dieu ne la permettra pas !L’Imâm de la gauche comble, de sesbienfaits, sur ordre divin, les créaturessans qu’elles ne s’en rendent compte.» Et Ibn Arabi d’ajouter : «Il m’acomblé en m’annonçant une bonnenouvelle… Par ailleurs, il m’a interditde m’affilier (al-intîmâ) à ceux desmaîtres que je fréquentais et me dit :«Ne t’affilie qu à Dieu car aucun detous ceux que tu as rencontré n’a autoritésur toi. Mais c’est Dieu Lui-mêmequi t’a pris en charge dans Sa Bonté !Mentionnes si tu veux les vertus de ceuxque tu rencontres mais ne t’affilie pasà eux ; affilies-toi à Dieu !» (*)(*) – Il ressort de ce récit quequiconque attribue de son proprechef à Choaïb Abû Madyan unprétendu engagement aux côtésde Saladin se rend coupabled’une hérésie condamnablesans absolution !«- il avait le don d’intuition et de lecturedes âmes…pratiquant au plushaut degré l’abandon à la volonté divine(tawakkoul) et l’insouciance dumonde, il avait réalisé aussi pleinementque possible la station où l’on sait entendrepartout et comme il convientla voix de Dieu!»«- Sa maxime devrait figurer aufronton de tous les édifices publics :c’est la corruption du peuple quienfante le tyran et c’est à la corruptiondes grands qu’est due l’apparitiondes fauteurs de troubles !»«-Il insistait sur la nudité spirituelle…n’arrive pas à la liberté parfaitecelui qui doit encore quelque choseà son âme… le coeur qui refuse lesdésirs est en paix !»Cheikh Abû Medien disait : «L’aspirant(el mûrid) n’est véritablementtel, que lorsqu’il trouve dans le Corantout ce à quoi il aspire. Dieu adit que le coeur de son serviteurcroyant Le contient : c’est cette descentedu Coran dans le coeur ducroyant que consiste la descente divinedans le coeur !»«- Sidi Boumedien est qualifié deGhoûts. Le Ghoûts est le GrandSecours, le sommet de la hiérarchiedes saints !»Comme le lui avait prédit Abou Ya’zâSidi Boumedien épousa par la volontéd’Allah la jeune femme noire qui luidonna un bon garçon Medien prénomméAbou Mohammed Abd-el-Haqq quivécut à l‘ombre de son glorieux père. Ilmourut au Caire où il fut inhumé dansla mosquée du cheikh Abd- el- QadirEd-Dechtouty au lieu dit Birkat el-Qara’(L’étang des courges) en dehors du rempartoriental de la ville. Au-dessus deson tombeau qui est visité par les fidèles,s’élève une coupole magnifique.( A ce moment de notre récit nousouvrons une parenthèse : ceux quis’étaient fait l’écho de spéculationsinvraisemblables sur la nature desrelations du calife Abou Youssef Yacoubel-Mansour avec le grand saintsidi Boumedien Choaïb se sont couvertsd’opprobre, l’histoire finira deles jeter dans l’oubli pour avoir travestila vérité !Qui est le roi Abou Youssef Yacoubel-Mansour ? C’est le quatrième héritierdu trône d’Abdelmoumèn Benalile fondateur de la dynastie Almohadelaquelle érigea le plus brillant empiremaghrébin de l’Atlantique au Tripolitaineet y compris l’Espagne musulmane.Le sultan Abou Youssef Yacoub futassurément le plus illustre des califes :il aima la culture et les arts, protégeales artistes, les savants, les soufis et leshommes de Dieu. Puissant chef militaire,il infligea de cuisantes défaitesaux rois chrétiens d’Espagne ! (*)(*) – A notre avis, pour cetteraison, entre autres, les historienscoloniaux (les tout venants)prompts à dénigrer notre passé etnotre religion, se sont fait undevoir de colporter sur ce nobleprince des ragots incroyables !)La vérité est toute autre : vers la fin deson règne AbouYoussel Yacoub el-Mansours’était retiré du pouvoir qu’il avaitconfié à sa famille. Il s’adonna à l’ascétismeet aux oeuvres de piété Selonl’auteur de la Risâla Ibn Abî MansûrSafi-Eddin, le sultan avait depuis quelquestemps décidé à s’engager dans laVoie ; il consulta à ce propos une saintefemme de Marrakech, laquelle lui avaitrecommandé de s’adresser à sidi Boumedien.Apprenant le voeu du sultancelui-ci se serait alors exclamé : «Enobéissant à mon roi, j’obéis à Dieu,Gloire à Lui !» Cependant, s’adressantaux envoyés du sultan Yacoub, AbûMedien leur dit : «Mais je n’arriveraipas jusqu’à lui, je mourrai à Tlemcen.Saluez votre maître et dites lui que c’estauprès d’Abû el-Abbes el-Merînî qu’iltrouvera la guérison, conclut le savantIbn Abî Mansûr Safi-Eddin» ( A ce sujetIbn Arabi rapporte dans le Muhâdarâtal- abrar T.II p.92 que le sultan seplia aux désirs d’abû Medien !) AbûYacoub Yussef mourut en 1199Le vieux patriarche avait quitté Bougie, certes fatigué et malade, maistoutefois le coeur serein et l’âme enpaix. Afin de dissiper les inquiétudesde ses accompagnateurs- remplisd’égards et pleins d’attention pourleur illustre hôte, le cheikh s’ouvrità eux, leur confiant que «sa mortétait prochaine et que Dieu avaitdécrété qu’elle ne devait pas survenirdans cette région. Le maîtrene pouvait bien évidemment sesoustraire à l’arrêt divin; c’est pourquoile Très Haut lui avait envoyéde bonnes âmes afin de le transporterau lieu où il devait mourir!»Ils voyagèrent dans les meilleures conditions.Sous la protection et l’aided’Allah ils finirent d’atteindre le territoirede Tlemcen. «-Comme ils arrivèrentau bord de l’Isser au sommetd’une colline dominant Aïn Taqbalet,le vieillard voyant au loin le rîbât d’el-Aubbad qu’il connaissait bien, murmura: que ce lieu est propice au sommeil! On installa le campement; lecheikh, tourné vers la Mecque, fitla «chahada, puis on l’entenditdire; «-Allah Haqq !Allah Haqq !»Ensuite, il rendit l’âme à son Créateur.Son corps fut transporté à «mesdjid errahma» où on l’enterra aux côtés deson frère en Dieu, Sidi AbdeslamTounsi sur la tombe duquel Sidi BoumedienChoaïb avait tant prié.. LesTlemceniens lui firent d’émouvantesfunérailles : ils s’y rendirent en foule; la pompe fut des plus solennelles etdes plus grandioses. C’est en ce jour,nous dit Ibn Khaldoun qu’eut lieu laconversion au tasawwuf du cheikhAbou Ali Omar Ibn el-Abbès es-Senhadji,plus connu sous le nom d’el-Habbak (voir «L’Histoire des Beni Abdel-wâd d’après Yahyia Ibn Khaldoun»En ce 13 Novembre 1197, une légendepopulaire merveilleuse court àTlemcen, elle raconte ceci :«- Lorsque, comme le veut la tradition,les gens s’alignèrent derrière lecorps de Sidi Boumedien afin de prierpour lui, on vit venir un homme trèsbeau de visage et très élégammentvêtu. Cet homme s’approcha, et, aprèsavoir prié pour le mort, il s’écria : Dieuqui a permis que les âmes prient surles corps, soit loué ! Après quoi il seretira. Nul ne sut d’où cet homme étaitvenu, ni où il alla. On pense que c’estl’âme de sidi Boumdien laquelle, aprèsavoir pris la forme d’un homme, vintprier pour son propre corps.»On le voit : celui qui est devenu lesaint protecteur de la cité millefois bénie de Tlemcen, a choisi – guidépar la volonté divine – «cette terreparsemée de tombeaux, d’ermitageset de qoubba, ce lieu qui invitait aurepos, el- Aubbad le séjour des hommespieux où il avait déjà vécu desmoments qui le préparaient à devenirle plus grand, le Qotb, le centre durayonnement mystique, le ghoûts lesuprême recours des âmes en peine…»Sidi Boumedien Choaïb ne partit rejoindre«la demeure éternelle, qu’aprèsavoir formé mille cheikh directeurs deconscience. Il est l’un des éducateursles plus éminents ; d’ailleurs sa renomméedispense de le faire connaître : ils’appelait Choaïb !» (*)(*)–Dans l’ouvrage «Soufisd’Andalousie» d’Ibn Arabi, en page112, il est dit que le cheikh MûsâAbû Imrân es-Sadrani, de Tlemcenest disciple d’Abû Madyan. (qu’ilavait, apprend-on selon d’autressources renoncé à succéder sur letrône de son père ) et qu’il est«d’entre les Abdal. Il fit beaucoupde choses étonnantes», parmilesquelles celle d’entendre unserpent mythique lui expliquerceci : «- Que sur toute la surfacede la terre aucune créature n’ignorela condition d’AbûMadyan…depuis qu’Allah a révéléet proclamé Son amour pour lui.Parmi toutes les choses animées ouinanimées, il n‘en est aucune qui nele connaisse et ne l’aime !»(*) – Abd-el-Haqq al-Azdi deSéville (mort en 1185) qui futkharib de bougie lors de la révolteds Bânu Ghaniyya entretenaitd’étroites relations avec AbûMadyan qui sera selon les proprestermes de cheikh el-Akbar «lemaître par excellence d’Ibn ArabiSidi Boumedien a très peu écrit ;on a cependant de lui quelquesoeuvres poétiques, des qaçida ainsique divers recueils de sentencesdont un, l’abrégé de Tohfat el-Arib,a été publié et traduit en latin parFr. de Dombay.Un dernier mot pour conclure : unenote figurant en page 451 «des Voyagesd’Ibn Battouta T.I» précise ceci :«…les descendants de sidi BoumedienChoaïb, le saint protecteur de Tlemcen,ont fondé au XIVème siècle, lewaqf (fondation pieuse) Abû-Madyanle long du mur du Temple de Jérusalem,autour de la Porte des Maghrébinsde la Mosquée El Aqsa, enclavantle Mur des Lamentations !»Suite et fin

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